Raoul Ernest Joseph Dufy, né le 3 juin 1877 au Havre et mort le 23 mars 1953 à Forcalquier, est un peintre, dessinateur, graveur, illustrateur de livres, céramiste, créateur de tissus, de tapisseries et de mobilier, décorateur d'intérieur, d'espaces publics et de théâtrefrançais.
L’art de Raoul Dufy
L’impressionnisme
Raoul Dufy subit d’abord l’influence d’Eugène Boudin et de l’impressionnisme, mais il n’en retient pas la touche en virgule : la sienne devient par contre de plus en plus large et vigoureuse, comme on peut le voir dans La Plage de Sainte-Adresse (1904) et Après le déjeuner (1905-1906). Il faut souligner une maîtrise précoce de l’aquarelle, et déjà des indices de son style propre futur dans une œuvre comme le 14 juillet 1898 au Havre où les teintes sont complétées à l’encre de Chine.
Le fauvisme
Raoul Dufy découvre Henri Matisse et Paul Signac. Dans La Place du village (1906), les roses et les verts sont pris dans des traits assez épais soulignant les architectures. Les ombres sont franches. Un petit drapeau français dans un ciel encore impressionniste annonce les couleurs vives des rues pavoisées du Havre, qu’il peindra en compagnie de Marquet.
Dans Le Port du Havre (1906), les fumées des bateaux sont parcourues de frémissements et d’ondulations qui s’accentueront par la suite dans le style propre de Dufy. Les taches blanches des hangars et des bateaux viennent, avec quelques drapeaux français, éclairer un ensemble encore un peu trop terne pour être véritablement fauve.
Par contre, le Nu rose au fauteuil vert (Claudine de dos) (1906) est de facture très nettement fauviste. La palette est proche de celle du Matisse des Intérieurs de Collioure ou de La Raie verte (Portrait de Madame Matisse) de 1905. Il faut remarquer les plans secondaires traités par touches larges et parallèles, qui font penser à Cézanne, bien que Dufy n’ait pas encore une bonne connaissance de l’œuvre de ce peintre.
Le cubisme cézannien
En 1907, Dufy peut admirer les tableaux de Paul Cézanne lors de la rétrospective au Salon d'automne. Afin de comprendre Cézanne sur les motifs mêmes qu’il a peints, il part pour L'Estaque avec Georges Braque, autre Havrais d’adoption, qui a fréquenté la même école municipale des beaux-arts qu'Othon Friesz et Dufy.
Dans L’Estaque (1908), les formes, tout juste suggérées par des lignes bleues dans les lointains, rappellent la Montagne Sainte-Victoire du Cézanne de la maturité. Les maisons du Village au bord de la mer (1908) sont réduites à une géométrie simple. Les touches sont « cézanniennes » (obliques et posées à la brosse plate), les tons sont peu contrastés. L’Arbre à l’Estaque (1908) de Dufy aurait pu être signé par le Georges Braque des Maisons à l’Estaque (1908). Équarries comme des morceaux de roche, les maisons de Braque et de Dufy, ne sont guère plus minérales que le ciel, la mer ou les arbres. Comme pour Cézanne, le vrai sujet de leurs tableaux est le volume et la profondeur. Toutefois Dufy s'évadera assez vite vers d’autres recherches, alors que Braque chercha à développer et épuiser les ressources de la géométrisation des motifs.
Raoul Dufy ne frôlera pas même la presque abstraction du cubisme synthétique. Il reste attaché à la lisibilité de ses toiles. Ses couleurs gagnent en éclat et en diversité. Il est possible que Dufy ait influencé Picasso qui souvent reprenait à son compte les idées d’autres peintres. La Cage d’oiseaux (1923) du peintre espagnol présente bien des parentés avec La cage d’oiseau (1913-1914), jusqu’au titre de l’œuvre qui ne diffère que par un pluriel. Mais alors que chez Picasso la couleur est solidaire du trait, les aplats de Dufy s’imposent sans relation nécessaire avec un dessin allusif, rudimentaire, de « simples abréviations graphiques », écrit Pierre Cabanne
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